TOO BIG TO FAIL

Cher Investisseur,

Alors que les banques centrales semblent en passe de gagner leur combat contre l’inflation, les indices boursiers ont poursuivi leur progression ce trimestre. A ce stade, la croissance américaine plus forte qu’anticipé et le chômage toujours très bas n’incitent pas la Fed à infléchir son discours. Elle anticipe toujours plusieurs baisses de taux en 2024. En Europe, la croissance anémique pourrait justifier une baisse imminente des taux directeurs de la BCE. L’optimisme ambiant tient donc à l’action rassurante des banquiers centraux, mais aussi à la conjonction d’une croissance plus soutenue qu’anticipé, en particulier aux Etats-Unis, d’une inflation contenue et d’une dynamique positive des résultats des entreprises dont le profil futur devrait bénéficier des gains de productivité associés à l’intelligence artificielle.

La locomotive américaine est toujours dynamique, tirée par un nombre très limité de valeurs technologiques. Après avoir gagné respectivement +24% et +43% en 2023, le S&P 500 et le Nasdaq progressent encore de près de 10% sur les 3 premiers mois de 2024. L’Europe s’inscrit dans une tendance similaire. L’Eurostoxx 50 progresse de 12,4% et l’indice CAC 40 de 8,8%. Deux valeurs du luxe (LVMH et Hermès) contribuent pour un quart à cette progression de l’indice parisien.

Comme l’économie mondiale dans son ensemble, la locomotive américaine carbure à l’endettement et aux déficits publics. Alors que des taux sont plus élevés et que les « Quantitative Tigthening » des banques centrales ne gonflent plus artificiellement la demande d’obligations, le recours toujours croissant à l’endettement est un facteur de risque aujourd’hui ignoré. Plus d’offre d’obligations de moindre qualité et moins de demande pourraient se traduire par la poursuite de la hausse des taux longs indépendante de la baisse des taux courts toujours attendue en 2024.


Malgré la hausse des taux longs, quelques géants boursiers tirent toujours les indices. Du coup, la sous-performance des valeurs moyennes et décotées perdure. Cette euphorie sélective ne fait pas nos affaires. Si nous ne doutons pas d’un réajustement à venir, son timing reste incertain.


Achevé de rédiger le 8 avril 2024